Le Petit Laboratoire

Carnet de Cannes 2015

/!\ Attention les petits cocos, toutes ces images sont © Chloé Vollmer-Lo, vous ne pouvez pas les utiliser comme ça sans demander ni rien ! contact (a) chloevollmerlo.net pour plus d’infos. (Mais en fait les autres images du blog sont pas non plus libres de droit, hein)

/!\ Beware beware my little coconuts, all these pictures are © Chloé Vollmer-Lo, you cannot use them without asking first ! contact (a) chloevollmerlo.net if you want to learn more about this. (Oh by the way, the other images I post on this blog aren’t copyright-free either).

 

Le mois de mai a été marqué, pour moi, par une quantité astronomique de cocktails, de glaces, de files d’attente et de films. Vous l’aurez compris (et surtout, vous aurez lu le titre de l’article auparavant, petits malins), j’étais au Festival de Cannes.

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-7J’étais envoyée par Nisimazine, pour la seconde fois !

D’ailleurs, vous pouvez retrouver mon périple d’il y a trois ans ici, ou alors en plus condensé ici. A l’époque, j’étais tellement courageuse que j’avais rédigé tous mes posts de blog en français ET en anglais, mais maintenant je me fais vieille. Je viens d’ailleurs de renouveler pour la dernière fois ma carte jeune SNCF, mais je crois que ça ne vous intéresse pas. (Je ne peux pas complètement vous blâmer).

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Je posterai un deuxième article un peu plus tard, avec entre 5 et 10 photos qui constituent une série autonome, un peu dans ce goût-là (chut, je vous ai rien dit) :

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Je vous propose donc un post décousu ENTIRELY IN FRENCH (zut), avec ce que j’ai pensé de divers films, et puis des photos. Avec des gens connus, des gens cools, et parfois les deux en même temps.

Là, par exemple, ce sont quelques uns des chouettes gens avec qui je faisais équipe durant le séjour. Ils ne sont pas encore connus, mais ils sont cools, et ils ont écrit certaines des critiques et interviews que je vais mettre en lien ci-dessous :

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Mais parlons un peu films, avec Béliers, de Grimur Hakonarson. Si vous êtes en forme, vous pouvez donner le titre anglais (à savoir Rams). Si vous êtes très en forme, vous pouvez le dire en islandais (Hrutar, à part que y a un accent que je trouve pas sur mon clavier).

Grimur Hakonarson, c’est lui :

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Hrutar (tavu je le dis en islandais) raconte l’histoire de deux frères éleveurs de béliers, qui ne se parlent plus depuis 40 ans bien qu’ils vivent côte à côte, mais dont le troupeau se retrouve atteint d’une épidémie catastrophique… Ce qui les force, plus ou moins, à renouer. Ça, c’était la version courte du pitch qui, soyons honnêtes, me donnait moyennement envie de me lever à 7h du matin pour la voir.

Sauf que j’ai tellement bien fait. Parce que ce que le synopsis ne dit pas, c’est que ce film est merveilleusement drôle. Pas hilarant, non, plutôt de cette drôlerie qui nous fait nous demander – une seconde trop tard – si on avait vraiment le droit de rire. Les images sont (très) belles, tout est superbement rythmé, les personnages sont profondément humains. C’est dépaysant et bouleversant, sans jamais être chiant.

D’ailleurs, le film a gagné le prix Un Certain Regard, et ça m’a fait violemment plaisir.

-> La critique du film et l’interview du réalisateur du côté de chez Nisimazine.

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-8 cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-9 cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-10Je vais pas chercher à vous mentir, je n’ai pas une photo de chaque réalisateur dont je vais vous parler. J’enchaîne donc avec des images qui n’ont rien à voir, et je l’assume totalement. Ci-dessus, donc, trois photos des cocktails qui se tiennent, à peu près tous les soirs vers 17h, dans les tentes du village international.

Et comme la dernière photo fait un peu peur, je vais vous parler de Coin Locker Girl, un film coréen de HAN Jun-Hee qui concourait à la Semaine de la Critique.

Il-young (ça veut dire 10 en coréen) est abandonnée alors qu’elle est encore bébé dans le casier 10 (Il-young, tavu) d’une consigne automatique. D’abord recueillie par des SDF, elle est ensuite volée par un vagabond à l’âge de 8 ans (elle, pas le vagabond)… qui ne trouve rien de mieux à faire que de la revendre à Ma (maman, en mandarin), une femme chinoise plutôt terrifiante à la tête d’un trafic de papiers d’identité, organes, cornées. Celle-ci, à ses heures perdues, prête également de l’argent, qu’Il-Young devra bientôt récupérer à grands renforts de batte de baseball. Le film commence donc réellement alors que la jeune fille a 19-20 ans, et qu’elle tente de survivre dans cette famille recomposée qui ne lui a appris que la violence. Partie collecter des dettes, elle rencontre un jeune homme qui lui fait miroiter, l’espace d’un instant, ce que pourrait être une vie normale et sereine…

Et je ne peux pas en dire plus sans tout spoiler, et croyez-moi, c’est frustrant. D’abord, parce que le film ne nous emmène jamais là où on l’attend. Quand on croit avoir compris le propos, l’histoire prend un virage à 180 degrés. Quand on s’attend à un bain de sang, on a droit à une piscine olympique d’hémoglobine… Ensuite, parce que brusquement, au milieu des scènes d’action à couper le souffle, émerge une métaphore complexe des rapports mère-fille dans la culture asiatique, qui donnera à réfléchir encore longtemps après la fin du film. Enfin, parce que le personnage d’Il-Young est merveilleusement badass et subtil à la fois, ce qui est un tour de force.

Coin Locker Girl aurait pu être un sacré nanar, mais il renferme une puissance incroyable qui le sublime et en fait un excellent film. Et puis, la photographie est magnifique, ce qui ne gâche rien.

-> La critique du film sur Nisimazine.

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-11 cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-16cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-14A part ça, Cannes est un endroit où on attend énormément : on attend pour rentrer dans le Palais, pour voir des films, pour photographier des gens, et – pour ceux qui aiment ça – pour entrapercevoir des stars. C’est un monde de frénésie et de lenteur mêlées, ce qui est plutôt paradoxal.

Tout ça pour vous dire que je ne parlerai pas de Umimachi Diary, de Kore-Eda, puisque j’ai fait la queue pendant une heure pour rien. Snif.

Je ne vous parlerai pas non plus de The Platform, de Jia Zhangke dont je n’ai à peu près pas saisi l’intérêt, à mon grand désespoir.

Mais je profite de mon petit quart-d’heure asiatique pour vous dire deux mots de An, film japonais de Naomi Kawase.

An est un film sur les dorayakis. Si vous ne savez pas ce qu’est un dorayaki, c’est que vous ne suivez pas mes hystéries japonisantes sur instagram. Un dorayaki, c’est ça, ou ça, en version avec des fruits dedans. En gros, le principe est plutôt cool : deux pancakes qui entourent une grosse couche d’azuki (pâte de haricot rouge sucrée). Bref, c’est super bon, et le héros du film, Sentaro, en cuisine toute la journée, en prenant surtout garde à ne pas sourire à ses clients et à exprimer par sa mâchoire serrée toute l’épaisseur d’un secret bien enfoui. Jusqu’au jour où une vieille un peu toquée, Tokue (on remarquera l’assonance, merci au revoir), vient lui faire du rentre-dedans pour devenir son employée. Elle finit par le séduire à grands renforts de pâte de haricot rouge supra-divine et il l’engage. Commence alors une période florissante pour le magasin, où Sentaro gagne plein de sous et s’ouvre peu à peu à sa coéquipière, jusqu’à parfois ébaucher un sourire ( ! ) Malheureusement, il s’avère que Tokue est une ancienne lépreuse, ce qui, dans une société ultra-normative, est totalement rédhibitoire…

En sortant du film, j’étais hyper fière de mon tweet :

An, a movie about dorayakis & cooked like one : a delicate layer of sweet azuki crushed between 2 pancakes of social exclusion.

Au-delà de ça, je dois avouer que le film est mignon, que j’avais très envie de l’adorer, mais que j’ai été globalement déçue… Kawase aborde plein de sujets intéressants, mais elle ne fait que les effleurer, avant de se vautrer dans du mélo très attendu. Dommage dommage dommage.

-> La critique sur le site de Nisimazine.

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-29cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-22cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-34  Trois images gentiment bizarres pour évoquer The Lobster de Yorgos Lanthimos, prix du jury (wééééé !).

Dans un monde futuriste-mais-pas-trop où la terre entière a l’air de vivre à La Défense et où tous les adultes s’habillent comme des traders ou des conseillers en assurance, le célibat est devenu un véritable interdit social. Lorsqu’un individu perd son conjoint, il est immédiatement sommé d’en trouver un nouveau… C’est le cas de David, dont la femme vient de décéder. L’histoire commence quand le quadragénaire intègre un hôtel très spécial, où il aura quarante-cinq jours pour tomber amoureux… et il faudra que son sentiment soit réciproque. S’il n’y parvient pas dans le délai fixé, il sera transformé en l’animal de son choix. En l’occurrence, un homard, parce qu’il aime bien nager (bon d’accord alors). Entre tentatives d’approche maladroites, parties de tir à la carabine sur célibataires clandestins, et discours de propagandes sur la complémentarité hommes-femmes, son séjour avance dangereusement sans l’ombre d’une ouverture…

Là encore, je ne peux pas trop en raconter sans spoiler, mais ce film est un bijou. Drôle, grave, absurde, inquiétant, beau, grinçant… Il est parfait. On accepte bien vite le postulat loufoque et on se prend à espérer que David trouvera une solution pour éviter la transformation en homard, sans pour autant céder au mensonge du couple de façade. L’humour est savamment dosé, intercalé dans des scènes parfois terribles ou magnifiques. On ressort du film avec l’impression de s’être plongé dans un livre à l’univers entêtant… The Lobster ressemble, finalement, à un 1984 qui nous ferait parfois éclater de rire.

-> La critique de Nisimazine est là !

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-23 cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-25 cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-33Trois images de soirées, parce que je ne voudrais pas que l’on croie que je n’ai fait qu’être studieuse. Bref.

Un petit mot aussi sur un court-métrage d’animation formidable, Le Repas Dominical, réalisé par Céline Devaux. Il est visible ici jusqu’au 1° juin (plus pour très longtemps, quoi).

Jean, gueule de bois monumentale en poche, se rend chez ses parents pour le traditionnel repas dominical. Portrait au vitriol des membres de sa famille, si agaçants et attachants dans leurs petits défauts, si colorés et banals à la fois. L’animation pétille d’inventivité et d’une rugosité bienvenue. La voix de Vincent Macaigne habille de façon virtuose chacune des scènes… Les impressions de dimanche après-midi collent à la peau, comme une mue de jeune adulte dont on ne saurait pas trop quoi faire. Délicieusement drôle, cynique et touchant.

-> (La critique de chez Nisimazine n’est pas encore prête, j’éditerai ce lien plus tard.)

cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-isabella-carbonell-2cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-isabella-carbonell-1  cannes-2015-copyright-chloe-vollmer-lo-isabella-carbonell-3Court-métrage encore, mais on fait le grand écart, si j’ose dire… Boys, d’Isabella Carbonell, est une grande claque dans la tronche. Une claque de 19 minutes, dont la force ne cesse de s’amplifier. Markus, jeune homme aux yeux doux, doit comparaître pour son procès. Son camarade de chambrée ne connaît pas les accusations qui ont été portées contre lui et plaisante gentiment. Mais quand on suit Markus dans la salle d’audience, on découvre toute l’atrocité des faits qui lui sont reprochés. La mention d’une petite fille, de ses pleurs, des mots crus et chirurgicaux pour définir des actes dont Markus ne semble pas mesurer la gravité. Filmé de manière quasi-documentaire, offrant au bourreau les traits d’une charmante jeunesse, Boys n’en est que plus bouleversant, et invite à repenser la manière dont nous éduquons nos garçons, et comment nous leur présentons la notion de consentement.

La bande-annonce est visible ici.

-> (La critique de chez Nisimazine n’est pas encore prête, l’interview non plus, j’éditerai ce lien plus tard.)

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Difficile d’enchaîner après ça, hein ?

Je vous laisse donc sur quelques portraits de Radu Muntean, réalisateur de One Floor Below, que je n’ai malheureusement pas eu la chance de voir, mais dont vous pouvez lire une critique ici.

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-> Critique sur Nisimazine.

-> Interview de Radu Muntean sur Nisimazine.

-> Interview de Teodor Corban sur Nisimazine.

Cette entrée a été publiée le 31 Mai 2015 à 10:17 . Elle est classée dans Expérimentations techniques et taguée , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Suivre les commentaires de cet article par RSS.

2 réflexions sur “Carnet de Cannes 2015

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